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Métier : réserviste (La Presse)

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Métier : réserviste par Ulysse Bergeron

Étudiants, cuisiniers, policiers, enseignants… Venant de tous les horizons, les réservistes – ces « civils militaires » qui représentent près de 40 % des Forces armées canadiennes – forment la force tranquille de la défense du pays.

Une femme et deux hommes traversent au pas de course, sacs de sable sur les épaules, le gymnase du NSCM Donnacona, quartier montréalais de la Marine royale canadienne. Ces jeunes dans la vingtaine tentent de se tailler une place parmi les réservistes des forces navales. Pour ce faire, ils devront non seulement réussir les tests physiques, mais aussi les examens médicaux et de cognition.

L’effort est visible. Mais l’essoufflant manège détonne considérablement de l’entraînement sadique du sergent de Full Metal Jacket. L’allusion à ce classique de l’œuvre de Stanley Kubrick, où les recrues lavent les planchers avec des brosses à dents, fait sourire la lieutenante de vaisseau Marianne Forest : « Ce n’est pas du tout la même époque. J’ai été officier de l’entraînement des recrues et tout est fait dans le respect et la dignité. »


Marianne Forest, lieutenante de vaisseau :
La femme a rejoint les forces de la réserve il y a sept ans, alors qu’elle étudiait la psychologie et la criminologie à l’Université de Montréal : « J’ai rejoint spécifiquement la marine parce qu’un métier précis m’attirait, celui d’officier de garde naval qui, ultimement, peut m’amener à devenir capitaine de navire. »

Or, si la lieutenante Forest travaille à temps plein – elle est une réserviste sous contrat –, la plupart des réservistes optent pour le temps partiel, à raison habituellement d’un soir par semaine et d’une fin de semaine par mois. Formés au combat, ils constituent cette force tranquille de l’armée canadienne, important pilier de la structure militaire au pays.

Avec 45 000 soldats, marins ou membres de l’aviation, la Réserve représente en fait un militaire sur trois au pays. Au Québec, leur nombre frôle les 10 000 militaires.

« Le rôle des réservistes, c’est avant tout d’être prêts », résume en une phrase le colonel David Shane, commandant du 34ᵉ Groupe-brigade du Canada. L’unité dont la devise est « Combattre, vaincre ou mourir » regroupe quelque 2500 réservistes de l’ouest du Québec, principalement concentrés dans la grande région de Montréal : « Ils sont prêts à être volontaires lors d’évènements ou à être déployés si le besoin est là. »

La Presse a rencontré le colonel Shane à un jet de pierre de la place des Festivals, dans son bureau du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), où il est chef des communications.

'Jeune, je voulais être au service des citoyens. Et j’hésitais entre devenir policier ou militaire. Et dans les faits, je n’ai jamais arrêté de faire les deux.' David Shane, colonel réserviste dans les Forces armées canadiennes et chef des communications du SPVM

Sur les murs de son bureau : ses faits d’armes. Outre ses diplômes du Collège royal canadien et du Collège des Forces canadiennes, on y retrouve un drapeau honorifique du Royal 22ᵉ Régiment, où il a été commandant du 4ᵉ Bataillon.

Celui qui a servi dans des opérations au Moyen-Orient et en Bosnie-Herzégovine estime que son expérience militaire a fait de lui une meilleure personne : « Ce qu’on apprend et les formations qu’on suit constamment comme militaire nous sont utiles dans notre emploi civil. »

Jonathan Ouellette, matelot-chef :
Car être réserviste, c’est aussi devoir maîtriser l’art de jongler au quotidien entre les devoirs militaires et les responsabilités civiles. Le matelot-chef Jonathan Ouellette en sait quelque chose. Responsable d’une cinquantaine de marins, l’homme dans la vingtaine partage quotidiennement sa vie entre son emploi comme chef de train chez exo et ses responsabilités militaires.

Ces deux vies, il les mène de front. « Une partie des heures chez exo se déroule le matin et l’autre partie en fin d’après-midi. Comme les bureaux sont à Montréal, ça me permet souvent de venir ici entre les deux et de faire mes tâches de matelot-chef », explique-t-il.

Au fil des ans, Jonathan Ouellette a participé à des déploiements et à des opérations. Est-ce que la conciliation avec son emploi civil a été difficile ? Non, répond-il sans hésitation. « Je n’ai pas eu à le faire chez exo, où je suis arrivé il y a quelques mois, mais avant j’étais au CP [Canadien Pacifique] et cette réalité était bien comprise. »

« Scénario gagnant-gagnant-gagnant »
N’empêche, la conciliation travail-armée représente un défi pour nombre de réservistes. Et les Forces en sont conscientes. Au fil des ans, elles ont déployé des programmes pour « mieux faire comprendre la réalité de nos réservistes », indique le major Mark Ruban, membre de l’aviation et gestionnaire du Programme d’appui des employeurs.

« On recherche un scénario gagnant-gagnant-gagnant qui bénéficie aussi bien à l’employé qu’à l’employeur et aux forces armées. Avec un peu de flexibilité et de bonne volonté, on est en mesure de le faire », dit-il.

Certes, les situations « ne sont pas toujours évidentes », concède-t-il, précisant dans la foulée que la vaste majorité des employeurs appuient les réservistes. Pour certains, c’est même vu comme une forme d’appui patriotique qu’ils offrent indirectement.

Les ressources militaires ont « créé des ponts » avec les employeurs civils. Des certificats sont souvent remis à ceux qui facilitent la mobilisation d’employés. « C’est symbolique, mais ça revêt une certaine importance », précise le major Ruban.

En 2017, à la suite de la guerre en Afghanistan, les Forces canadiennes ont aussi déployé un programme de dédommagement pour aider financièrement des employeurs. Si un réserviste est absent pendant un minimum de 30 jours, l’employeur civil peut faire une demande pour un dédommagement. « Le montant moyen octroyé est d’environ 525 $ par semaine d’absence. C’est une façon de les remercier… mais d’une façon plus concrète », détaille-t-il.


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Le mot de Louis Vachon, directeur invité

« Les gens peuvent rejoindre l’armée régulière, mais ils peuvent aussi garder leur poste normal au quotidien et travailler dans la réserve à temps partiel. C’est pour ça que je voulais apporter un éclairage sur les deux aspects : le recrutement et le rôle de la réserve dans la société. »

« Et en tant que colonel honoraire, tout ce que je peux faire pour donner un coup de main pour le recrutement, je le fais avec plaisir. Alors, donner un peu plus de visibilité dans les médias, je pense que ça donne un coup de main. »

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