Par Radio-Canada, www.radio-canada.ca
Mis à jour le: 17 mai 2010 09:57
Thaïlande - Bref dialogue à Bangkok
Le gouvernement se dit ouvert à l'appel d'un cessez-le-feu lancé par un des dirigeants des Chemises rouges, si les manifestants quittaient les rues et regagnaient leur camp dans le centre de Bangkok. Le gouvernement admet cependant qu'il est peu probable qu'un accord intervienne.
En Thaïlande, le gouvernement se dit ouvert à l'appel d'un cessez-le-feu lancé par un des dirigeants des Chemises rouges, si les manifestants regagnaient leur camp dans le centre de Bangkok, après cinq jours d'affrontements dans les rues de la capitale.
Le cessez-le-feu a été proposé par Nattawut Saikuwa lors d'un entretien téléphonique de cinq minutes avec le négociateur en chef du gouvernement Korbsak Sabhavasu. Il s'agissait des premières discussions directes entre les deux parties depuis le début des violences, jeudi dernier. Mais le négociateur gouvernemental a précisé que de grands progrès étaient improbables dans la mesure où de profondes divergences demeurent.
Korbsak Sabhavasu affirmé avoir dit à son interlocuteur que l'armée cesserait de tirer si les Chemises rouges retiraient leurs militants des rues afin qu'ils réintègrent leur camp dans le centre de la capitale.
Bangkok sous haute tension
Pendant ce temps, quelque 5000 Chemises rouges, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, sont toujours retranchées dans ce camp, situé en plein coeur du quartier touristique et commercial, pour réclamer la démission du gouvernement, malgré le fait que l'ultimatum lancé par les autorités soit arrivé à échéance.
Il est maintenant attendu que l'armée, qui assiège les manifestants depuis la fin de la semaine dernière, utilise la force pour les déloger, ce qui fait craindre de nouveaux affrontements violents.
L'adjoint du ministre de la Santé publique, Pansiri Kullanartsiri, a d'ailleurs déclaré que les hôpitaux des 20 provinces où l'état d'urgence est en vigueur sont en état d'alerte et sont prêts à recevoir un grand nombre de blessés graves.
Depuis jeudi dernier, 37 personnes sont mortes dans les affrontements entre les Chemises rouges et les soldats, dont Seh Daeng, un ex-général de l'armée thaïlandaise passé dans le camp des opposants. Daeng a été abattu d'une balle dans la tête par un tireur embusqué jeudi dernier. Il est mort au cours des dernières heures.
« L'opération [visant à disperser les Chemises rouges] sera exécutée aussitôt que possible », a déclaré un porte-parole du bureau du premier ministre, Satit Wonghnongtaey.
Le gouvernement du premier ministre Abhisit Vejjajiva avait donné aux manifestants jusqu'à 15 h, heure locale (4 h, HAE), pour quitter les lieux. Des avions ont survolé les lieux pour laisser tomber des feuilles informant les manifestants des opérations à venir. Des messages ont aussi été diffusés à la radio et à la télévision.
Bien qu'on ait offert un passage en toute sécurité à ceux qui voulaient se prévaloir de l'offre, peu l'ont accepté. Un porte-parole de la police, Prawut Thavornsiri a déclaré à l'AFP qu'environ 400 personnes âgées et enfants avaient trouvé refuge dans un temple bouddhique situé à l'intérieur de la zone occupée.
Tous les manifestants demeurés à l'intérieur de la zone, délimitée par une barrière de blocs de béton, de pneus et de morceaux de bambous aspergés de kérosène, s'exposent à des peines pouvant atteindre deux ans de prison.
Le gouvernement, que les protestataires considèrent comme illégitime, a refusé dimanche que l'ONU agisse à titre de médiateur, tel que les Chemises rouges l'avaient proposé.
La Haute-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a néanmoins lancé un nouvel appel aux protestataires et aux leaders politiques du pays, leur demandant de « mettre de côté la fierté et la politique » et de parvenir à une solution négociée.
Le siège du camp fortifié des Chemises rouges a été entrepris après que des négociations eurent achoppé. Le gouvernement avait accepté la tenue d'élections l'automne prochain, mais a refusé une condition exigée par les manifestants, soit celle d'inculper le vice-premier ministre Suthep Thaugsuban, tenu pour responsable des affrontements qui ont fait 25 morts le 10 avril.
Quatre ans de crise politique
La Thaïlande est engluée dans une grave crise politique qui a éclaté en 2006, lorsqu'un coup d'État militaire a entraîné la destitution de Thaksin Shinawatra.
L'ex-premier ministre, qui a fait fortune dans les télécommunications, était accusé de corruption, mais ses partisans, issus des régions rurales et des classes urbaines défavorisées, ont soutenu que l'élite urbaine traditionnelle et les partisans du roi Bhumibol avaient fomenté le tout dans leur propre intérêt.
Le bras de fer a entraîné plusieurs changements de gouvernement, qui se sont soldés par de nombreuses démonstrations de force des deux clans, reconnaissables à leur couleur, rouge pour les partisans de M. Thaksin et jaune pour ses opposants.
Thaksin Shinawatra vit actuellement à Dubaï pour échapper à une condamnation à deux ans de prison pour des malversations financières dans un autre dossier. Vendredi dernier, il a exhorté le gouvernement à retirer ses troupes et à reprendre les négociations avec ses partisans.
Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Reuters
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