Le lieutenant-colonel Martin Bernier a plaidé coupable, ce jeudi matin, à deux accusations de harcèlement sexuel sur deux militaires, lors de son procès en cour martiale.
Les faits remontent il y a presque un an jour pour jour, dans la nuit du 18 au 19 octobre 2014, au Centre des congrès de Québec, alors que se déroulait la Soirée du 100e anniversaire du Royal 22e Régiment, qui mettait un terme aux célébrations entourant le centenaire du régiment.
Le lieutenant-colonel Bernier commandait à l’époque le Centre d’instruction de la 2e Division du Canada. Les deux victimes étaient ses subalternes et comme bien des convives présents, elles étaient habillées en civil. Leur conjoint respectif les accompagnait.
Au cours de la soirée, alors que les deux femmes dansaient sur la piste, le lieutenant-colonel est allé les rejoindre. Il a commencé par prendre la main d’une d’entre elle «créant un certain malaise».
L’autre trouvait le haut-gradé «entreprenant et taponneux».
Dans les minutes qui ont suivi, le lieutenant-colonel a touché, tour à tour, les fesses de chacune des victimes. L’une dira qu’il lui «a pogné une fesse, solide». «Il lui a touché la fesse gauche avec la paume de sa main gauche et il ne s’agissait pas d’une erreur ou de quelqu’un qui accroche une autre personne», a-t-on pu entendre en cour.
Les deux femmes, qui se connaissent bien, ont discuté à la fin de la soirée de ce qui venait de leur arriver et ont fait part du malaise avec leur conjoint respectif et un organisateur de la soirée.
Elles ont décidé de porter plainte le 24 et le 30 octobre, bien que le lieutenant-colonel ait de lui-même averti son supérieur, le brigadier-général Stéphane Lafaut, qu’il avait commis des gestes répréhensibles. «Écoutez patron, je crois que j’ai commis une bévue majeure», a-t-il ainsi déclaré au commandant de la 2e Division du Canada.
Martin Bernier a été relevé de ses fonctions le 31 octobre de la même année en raison des allégations qui pesaient sur lui et a depuis été transféré au quartier général d’Ottawa, où il travaille à l’état-major interarmées stratégique.
L’avocat de la défense, le capitaine de corvette Patrice Desbiens, estime que le lieutenant-colonel Martin Bernier a eu «un moment d’égarement» et qu’il faut plutôt le juger sur l’intégralité de sa carrière qui a commencé en 1988.
Puisque le lieutenant-colonel a plaidé coupable d’harcèlement, les autres chefs sont automatiquement abandonnés. «Ce n’est pas parce que c’est du harcèlement plutôt qu’une agression que c’est moins grave», a tenu a rappelé le procureur, le major Philippe Doucet. Selon lui, les deux victimes sont d’ailleurs satisfaites de la réponse à l’accusation enregistrée.
En vertu de l’article 129 de la Loi sur la Défense nationale, le lieutenant-colonel est passible au maximum «de destitution ignominieuse du service de Sa Majesté». Il pourrait toutefois écoper d’une amende, d’un blâme et d’une rétrogradation.