La rumeur courait depuis une semaine, elle a été confirmée mercredi matin: le champion des super-moyens de l'IBF, Lucian Bute, restera au Québec avec le groupe Interbox.
Le contrat qui a été signé mercredi devant les journalistes lie les deux parties pour deux ans et six combats. Dans la tradition - cachottière - de la boxe, les aspects monétaires
de l’entente sont restés secrets.
«Je ne suis pas encore millionnaire, s’est contenté de dire Bute en conférence de presse. Mais peut-être bientôt!» Les négociations qui ont duré près de deux mois n’ont
pas été faciles pour le champion hautement convoité. Il a d’ailleurs révélé que des promoteurs américains avaient présenté des offres plus lucratives que celles
d’Interbox. «J’ai choisi avec mon coeur, pas pour l’argent, a lâché le grand gaillard. Si c’était pour l’argent, je ne serais pas ici. Je serais ailleurs…» «J’ai été adopté par
les gens d’ici et j’ai adopté le Québec, a-t-il ajouté dans un français qui ne cesse de s’améliorer. Je voulais continuer de défendre mon titre devant les miens.»
Jean Bédard, président du Groupe Sportscene qui détient Interbox, a tout de même tenu à préciser: «Notre offre est somme toute généreuse. Je ne pense pas que
Lucian reste par charité!» L’entente prévoit un salaire de base pour le boxeur. Il touchera en plus une part des droits de télédiffusion. Plus ses adversaires seront
prestigieux, plus lucratifs seront les combats de Bute. Ses deux années et six combats supplémentaires chez Interbox lui rapporteront certainement plus qu’un million
de dollars.
Interbox soutient que Lucian Bute est aujourd’hui «le boxeur le mieux payé de l'histoire du Québec». Le boxeur québécois ayant remporté la plus importante bourse est
Éric Lucas, qui a empoché 873 000 $ pour son combat de 2003 contre Markus Beyer.
À la conquête du monde
Le départ de Lucian Bute (22-0-0) pour une écurie américaine aurait été un coup dur pour le promoteur, et pour la boxe au Québec. Lucian Bute est considéré par
plusieurs analystes comme le meilleur boxeur dans sa catégorie (168 livres).
L’athlète de 28 ans a évolué toute sa carrière professionnelle chez Interbox. C’est en tant que partenaire d’entraînement d’Éric Lucas qu’il a été repéré en 2003. Dès
ses débuts, Interbox a établi un plan de trois ans afin de le faire devenir champion du monde. Son style agressif l’a servi. Il est devenu champion des super-moyens
de l'IBF en octobre dernier lorsqu'il a défait Alejandro Berrio dans un combat dur. L’arbitre a mis fin à l’engagement au 11e round alors que Bute canardait Berrio,
acculé aux cordes.
Le nouveau champion a réussi la première défense de son titre en février contre William Joppy, 37 ans. Délesté du souci des négociations et remis d’une blessure à
une jambe, le boxeur peut enfin penser à ses prochains combats. «L’entente nous permet de passer en phase deux du projet Lucian Bute: conquérir le monde», a
déclaré son entraîneur, Stéphane Larouche.
Lucian Bute s’est étiré un ligament au genou droit en avril. Après six semaines de repos, il a repris l’entraînement la semaine dernière. «C’est un gars intense, dit
Larouche. Son prochain combat est dans trois ou quatre mois et il s’entraîne comme si c’était la semaine prochaine!»
Lucian Bute est tenu par l’IBF (International Boxing Federation) de mettre son titre en jeu à l’automne. Il affrontera donc le premier aspirant, Librado Andrade (31-2-0),
en septembre ou octobre. Bute a manifesté mercredi le désir d’affronter des grosses pointures: Kelly Pavlik, Mikkel Kessler ou Jermain Taylor.
«J’aimerais un combat d’unification d’ici deux ans», rêve-t-il. (En boxe, un combat d’unification est une rencontre entre deux champions de deux différentes fédérations
parmi les quatre plus prestigieuses. Le gagnant peut ainsi remporter deux, trois ou quatre ceintures.) Jean Bédard a admis que ce passage à la «phase deux» signifie
davantage de combats à l’étranger. «Sur les six combats de Lucian, on peut imaginer que la moitié seront à Montréal, dit-il. Mais ce sont des spéculations. Ça dépendra
des offres des promoteurs. Tout est à déterminer maintenant. Nous vivons une période très excitante à Interbox.»
Yvon Michel, président du groupe GYM et principal concurrent d’Interbox, s’est félicité mercredi de la nouvelle. «C’est bon pour la boxe au Québec, croit-il. Lucian fait
parler du sport et c’est tant mieux.» M. Michel a indiqué que GYM n’avait fait aucune offre afin d’attirer Lucian Bute. «C’était clair dès le début : il voulait rester avec
Interbox», a-t-il indiqué.